vendredi 11 novembre 2016

Adieu à LEONARD COHEN.

Le 29 juillet 2016, Marianne Ihlen, l'inspiratrice des chansons de "So long Marianne"  ("Songs of Leonard Cohen") et de "Bird on fire" ("Songs from a room") s'éteignait après une longue maladie.  Léonard Cohen  venait de lui écrire une lettre émouvante dans laquelle il disait "... je pense que je vais te suivre très bientôt... Maintenant, je veux seulement te souhaiter un  très bon voyage".  Le 7 novembre, il est parti la rejoindre. Il avait 82 ans et venait de sortir " You want it darker", son testament et l'un de ses meilleurs albums. Il y parle (comme toujours) de  mort, d'amour, de vie et de spiritualité, parfois avec gravité, d'autres fois avec son humour très particulier. Sa voix est plus belle que jamais et les mélodies sont d'une profondeur vertigineuse. Que dire de plus de cet immense artiste à la fois poète, écrivain, auteur, compositeur, musicien et chanteur qui a accompagné nos vies depuis bientôt cinquante ans ? Son oeuvre immortelle parle pour lui .
Bon voyage Monsieur Cohen.

                                                    
                                                      https://www.leonardcohen.com/

                                                Discographie studio

                                       . Songs of Leonard Cohen (1967)
                                       . Songs from a room (1969)
                                       . Songs of love and hate (1971)
                                       . New skin for the old ceremony (1974)
                                       . Death of a ladies'man (1977)
                                       . Recents songs (1979)
                                       . Various positions (1984)
                                       . I'm your man (1988)
                                       . The future (1992)
                                       . Ten news songs (2001)
                                       . Dear Heather (2004)
                                       . Old ideas (2012)
                                       . Popular problems (2014)
                                       . You want it darker (2016)

                                                A lire absolument

                                       . Le livre  du désir. Poèmes. (Points. Edition bilingue)
                                       . The favorite game. Roman. (Flammarion)
                                       . Poèmes et chansons. (10/18)

                                                        DVD
                                        . Live in London (Columbia)
                                      


vendredi 14 octobre 2016

BOB DYLAN Prix Nobel

Pauvre Zig qui ne sait plus à  quel libellé se vouer: musique, littérature ou poésie ? Mais surtout, pauvre Dylan ! Quoi qu'il dise ou fasse, il y a toujours quelqu'un pour lui sauter à la gorge. Dans les années 60, les uns lui reprochaient de faire des chansons "engagées" tandis que les autres ne le trouvaient pas suffisamment militant. Lorsqu'il décida d'électrifier sa musique, beaucoup l'accusèrent de traîtrise puis quand au cours de sa carrière il rejoua en acoustique, il se fit traité d'opportuniste. On lui a reproché ses textes trop hermétiques, aujourd'hui que le Nobel lui est attribué, quelques écrivains en manque de notoriété l'accusent de n'avoir écrit que "des ritournelles" ! On peut ne pas être d'accord avec le jury et même ne pas aimer Dylan, ce n'est pas une raison pour essayer de démolir un créateur qui n'a rien demandé. Ces écrivaillons feraient mieux de se mettre au boulot s'ils rêvent de l'avoir un jour ce Nobel et, s'ils n'ont rien de mieux à faire, ils pourraient au moins éviter la mauvaise foi et le mensonge. Dylan a écrit plus de 500 textes, autant, sinon plus que Rimbaud, Verlaine ou Baudelaire qu'on ne peut pas accuser de ne pas avoir une oeuvre. L'un de ces aigris va jusqu'à écrire que les journaux ont tellement comparé Dylan à Rimbaud qu'il aurait fini par prendre cela au sérieux. Nous conseillons à ce monsieur de visionner l'entretien que le chanteur-poète-compositeur-musicien- écrivain a accordé à Antoine de Caunes en 1984. Ce dernier lui demande si le fait que les journaux disant de lui qu'il était un génie a eu une influence sur son écriture, la réponse est claire: "Je ne l'ai jamais cru". Alors pourquoi vouloir dénigrer ce brave Bob qui n'est  pourtant pas un modèle de modestie ?!!!
Ne vous cachez pas derrière l'excuse bidon que lui donner le Nobel est méprisant pour les "vrais" écrivains dont, soit dit entre nous, vous ne faites de toute façon pas partie. Le seul sentiment qui vous anime a pour nom la jalousie qui n'est "qu'un dépit envieux ressenti à la vue des avantages des autres" dit le Larousse.  Cette polémique stérile ne vous grandit pas.

A lire ou à relire par ceux que la jalousie n'étouffe pas:

# Chroniques (Folio), autobiographie de Dylan
# Lyrics: Chansons 1962-2001 (Fayard), environ 400 textes en édition bilingue.

dimanche 18 septembre 2016

MUSIQUE. Nick Cave and The Bad Seeds. Skeleton Tree. (Kobalt).

Nouvel album de Nick Cave après presque trois années de silence et le décès accidentel en juillet 2015  de son fils de quinze ans. Contrairement à ce qu'ont pu dire certains critiques, il semblerait que l'écriture de ce seizième  album était terminée lors de ce terrible drame. L'atmosphère en clair- obscur de ces huit magnifiques chansons, atmosphère qui fait partie de l' univers de l'artiste depuis toujours, n'est donc pas liée à ce qu'il a vécu. En revanche, l'enregistrement ayant eu lieu à l'automne de la même année, la voix est encore plus expressive, encore plus profonde qu'à l'accoutumé, c'est la voix d'un homme meurtri, parfois à la limite de la rupture. Les sons d'orgue et les cordes se taillent la part du lion dans les arrangements dépouillés, presque minimalistes, de Warren Ellis, donnant une dimension solennelle à l'ensemble qui sonne comme un requiem. 
Skeleton Tree est un disque gorgé d'une émotion presque palpable, traversé parfois d'éclairs lumineux, un disque comme on n'en connaît peu.


                                                            http://www.nickcave.com/


jeudi 4 février 2016

MUSIQUE. ARNO. Human Icognito. (Naïve)

A plus de 66 ans, Arno signe avec Human Incognito l'un de ses meilleurs albums plein de blues poignants, de rocks rugueux et de ballades comme lui seul sait les écrire. 
Toujours lui-même mais toujours différent, celui qui se décrit dans le premier titre comme "an old motherfucker" n'a rien perdu de sa naïveté, de son impertinence et de sa fraîcheur. Il nous chante, en anglais et en français, de sa voix inimitable la tendresse, l'amour ou la vieillesse, des chansons tantôt surréalistes, voire absurdes, tantôt mélancoliques ou douces-amères et c'est un vrai bonheur. On n'avait pas entendu un album aussi organique depuis longtemps. Arno s'est débarrassé des synthés et autres machines pour ne garder quasiment que les instruments fondamentaux du rock, une guitare, une basse et une batterie. Produit par John Parish, Human Incognito a été enregistré en une semaine pour, comme le dit son auteur " éviter de trop penser". Chaque morceau va à l'essentiel et ne laisse pas la place aux fioritures superflues. On est avec cet album dans l'essence même du blues et du rock. Alors non, ce n'est pas la révolution mais un sacré bain de jouvence dans un milieu aujourd'hui bien plus préoccupé par le marketing que par la qualité de la musique. Arno est plus que jamais indispensable, sa liberté d'esprit aussi.

             Le site officiel:   www.arno.be  musique, bio, dates de concerts...

En marge de ce superbe album, Le Zig! ne peut pas passer sous silence un événement qui l'a choqué. Voyant par hasard qu'Arno était invité dans l'émission fourre-tout "On n'est pas couché", émission dans laquelle trop souvent les clowns se mêlent de politique alors que les politiques font les clowns, il décide de regarder le lendemain en replay de façon à ne pas perdre son temps à écouter pérorer des pseudo journalistes plus occupés à faire leur show et à se mettre en valeur qu'à comprendre les invités. Avance rapide jusqu'à l'interview... et là, spectacle lamentable! Une jeune femme imbue de sa petite personne parle à Arno comme certains parlent à un attardé mental ou à un gamin de six ans, allant jusqu'à lui demander s'il comprend ce qu'elle dit! Comment peut-on être aussi irrespectueux, comment peut-on faire son métier aussi mal ? D'accord, Arno peut sembler étrange, d'accord, c'est vrai qu'il vit dans son monde mais avant de poser des questions, on se renseigne: on peut, par exemple lire la très bonne bio de Gilles Deleux "Arno.Un rire et une larme" (Ramsay) et regarder le très beau film de Marc Dixon "Arno: Comme les hommes". Cela aurait certainement évité à cette dame de se ridiculiser car (s'en est-elle rendue compte?) ce n'est pas Arno qui a été ridicule, c'est elle qui a été pitoyable.
On n'ose pas imaginer quelle aurait été sa réaction si elle avait été amenée un jour à interviewer Bukowski ou Anthonin Artaud! 
  Dire qu'Arno voudrait vivre "dans un monde sans chichis où les cons ne font pas de bruit" !