jeudi 21 mai 2020

POESIE. Comme un oiseau dans la tête. RENE GUY CADOU. (Points).

Comme un oiseau dans la tête : Poèmes choisis par CadouRené Guy Cadou est né en 1920 en Bretagne, au coeur du marais de la Grande Brière. La mort de sa mère, alors qu'il a à peine 12 ans, le plonge dans une profonde mélancolie qui hantera plus tard sa poésie, cette poésie entrée dans sa vie par le biais de son père.
En 1936, Cadou fait la connaissance de Reverdy et de Max Jacob. Un an plus tard il publie son premier recueil Brancardier de l'aube. Il écrit sans cesse, deux autres recueils voient le jour avant la guerre et la mort de son père en 1940. Cette année-là il est mobilisé mais, malade, il est rendu à la vie civile quelques mois plus tard. Il exerce alors le métier d'instituteur.
La guerre l'oriente vers une poésie beaucoup plus expressive. Il écrit Pleine Poitrine après que 27 otages aient été fusillés à quelques kilomètres de son lieu de travail et que son ami Max Jacob soit mort à Drancy. En  1946 il épouse Hélène Laurent, elle-même poète. Il lui consacrera Hélène ou le règne végétal. Il tombe de nouveau malade et sent très vite que sa vie sera courte. Il trouve refuge dans sa poésie. Malgré plusieurs interventions chirurgicales, il meurt en 1951, quelques jours après avoir achevé Les biens de ce monde. Malgré la brièveté de sa vie, il laisse plus d'une trentaine de recueils de poèmes, deux essais sur Appolinaire ainsi que des nouvelles.
Si René Guy Cadou n'a pas connu  une plus grande notoriété, la faute en incombe en partie à ceux qui, voulant bien faire, n'ont voulu le définir que comme un écrivain régionaliste et intimiste, lui collant même l'étiquette de poète chrétien. C'est vrai que Cadou a ancré sa poésie dans l'endroit où il vivait, c'est vrai aussi qu'il ne reculait pas devant l'introspection, c'est également vrai qu'il était croyant mais ce n'est pas faire grand cas de son oeuvre que de la réduire à cela. Il est avant tout le poète du doute et en cela sa poésie touche à l'universel. Aurait-on oublié qu'il a su s'ouvrir à son époque avec des textes comme Les fusillés de Chateaubriant ou Ravensbrück ?
 Michel Manoll, dans sa très belle préface aux Oeuvres poétiques complètes (Editions Seghers 1978), a très bien défini le poète:
"René Guy Cadou s'est voué à donner voix à tout ce qui participe au concert terrestre, sans en exclure la plus humble psalmodie ou le chuchotement le plus discret..."
Mais  laissons le mot de la fin à Cadou lui-même, répondant à une interview de Pierre Béarn dans Le Miroir d'Orphée:
"J'habite un coteau ensoleillé assez loin des officines littéraires pour me passer des satisfecit des snobs et du personnel de la critique."