dimanche 20 juillet 2014

LITTERATURE. Le tort du soldat. ERRI DE LUCA. (Gallimard).


Une petite auberge des Dolomites, un soir de juillet.  
 A une table, une femme d'une quarantaine d'années et un homme qui paraît être son père. Ils parlent en allemand avec un accent autrichien.
A une autre table, un Italien, escaladeur de montagnes et traducteur du Yiddish.
Le premier récit est celui du traducteur-grimpeur qui dit  son amour pour la langue et la littérature Yiddish,  parle de l' extermination du peuple qui s'exprimait à travers elles, il nous conte son pèlerinage à Varsovie et ses visites dans les vestiges des camps de la mort à la recherche de l' âme d'un peuple, il nous fait partager son plaisir d'escalader des roches "avec la lenteur d'un mollusque", il nous avoue sa "manie de voir de l' écriture partout", il se souvient de son enfance et décrit ses voisins de table qu' il observe en mangeant ses beignets.
Le second récit est celui de la femme de la table voisine qui, croyant un instant reconnaître dans l'auteur du premier récit le sourd-muet qui lui  "avait appris à flotter sans poids et puis à nager" lorsqu'elle était encore une fillette en vacances sur l' île d' Ischia, nous raconte son  enfance et son étrange vie avec l' homme qui l'accompagne, son père, criminel de guerre sans remords qui considère que son seul tort est d'avoir perdu la guerre.
Par la juxtaposition des deux récits, Erri De Luca en moins de cent pages, abordent quasiment tous les thèmes qui ont fait la beauté de son oeuvre depuis son premier livre et nous donne un éclairage très personnel sur les méandres de la barbarie nazie.
Le tort du soldat est un petit chef- d'oeuvre aussi fulgurant que profond.
Bibliographie non-exhaustive:
# Trois chevaux
# Montedidio
# Le contraire de un
# Essais de réponse
# Sur la trace de Nives
# Pas ici, pas maintenant
# Le jour avant le bonheur
# Tu, mio
# Le poids du papillon
# En haut, à gauche
# Les poissons ne ferment pas les yeux


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