jeudi 10 janvier 2013

POESIE. Journal d'un manoeuvre .(L'Arpenteur)- L'homme qui penche.(Pleine Page Editeur). THIERRY METZ..

Thierry Metz est né à Paris en 1956. Il découvre la poésie en autodidacte. A l'âge de 21 ans, il s'installe à Agen où il partage son temps entre le travail en usine ou sur les chantiers de constructions comme manoeuvre, et son travail d'écriture. En 1978, il rencontre Jean Cussat-Blanc, fondateur de la revue Résurrection qui édite ses premiers textes avant de le présenter à Jean Grosjean, poète, essayiste, lecteur et traducteur chez Gallimard qui est à l'origine de l'édition du recueil qui fera connaître le jeune auteur, Le journal d'un manoeuvre. Le poète est à peine reconnu lorsqu 'un chauffard tue l'un de ses trois fils sous ses yeux (1988). Thierry Metz ne s'en remettra jamais, hanté par le drame, il trouve refuge dans l'alcool. Essayant de reprendre pied, il se fait interné volontairement à l'hôpital de Cadillac où il mettra fin à ses jours le 16 avril 1997, laissant derrière lui une oeuvre d'une rare originalité.
Le journal d'un manoeuvre s'ouvre avec l'embauche de l'auteur sur un chantier et s'achève avec la fin des travaux. Étrange sujet que le poète transcende de son écriture  d'une extraordinaire intensité. Il nous parle des dures journées de travail, de la fatigue, il brosse en quelques mots le portrait de ses collègues mais s'attarde aussi parfois sur les moments de loisirs à la maison. Tout cela pourrait sembler banal et pourtant que de pages lumineuses, que d'images magnifiques nous sont offertes par ce manoeuvre-poète qui sait dire presque en chuchotant l'essentiel de la condition humaine!
L'homme qui penche est le fruit de deux séjours en hôpital psychiatrique.
 C'est l'alcool. Je suis là pour me sevrer, redevenir un homme d'eau et de thé... je dois tuer quelqu'un en moi, même si je ne sais pas trop comment m'y prendre. Toute la question ici est de ne pas perdre le fil. De le lier à ce que l'on est, à ce que je suis, écrivant.
Malgré sa fin tragique, Thierry Metz aura mené son écriture jusqu'au bout des 90  textes qui disent le mal-être, la vie abîmée, qui dressent les portraits émouvants de celles ou ceux qui, comme lui, ont été blessés à tout jamais. L'émotion est palpable, chaque fragment est un petit chef-d'oeuvre d' humanité et de poésie:
Elle est maigre, très maigre et ne parle pas, toujours étonnée de nous voir, presque transparente, soutenue comme une brindille par un oiseau que nous ne voyons pas.
Ce livre, plus qu'un livre de plus à lire est une expérience dont on ne sort pas indemne.

Merci à Maryse Vuillermet et à Fabienne Swiatly de nous avoir fait découvrir un tel auteur.

La revue Diérèse a consacré deux numéros à Thierry Metz:

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