jeudi 1 août 2013

PEINTURE. Auguste POINTELIN. Musée d'art, hôtel Sarret de Grozon à Arbois et Mairie de Mont-sous- Vaudrey (39). Jusqu'au 15 septembre 2013.

  Né en 1839 à Arbois  (Jura français), Auguste Emmanuel Pointelin est scolarisé au collège de la ville où il se distingue déjà en cours de dessin. Bon élève, il continue ses études et obtient une licence de mathématiques à Lille en 1863. Parallèlement, il s''est mis sérieusement à peindre. Pendant plus de deux ans, de 1867 à 1870, il quitte la France et vit en Moldavie. Il envoie néanmoins des tableaux au Salon des Artistes Français. En 1870, il devient professeur de maths et est nommé dans le Nord de la France où il enseigne jusqu'en 1876, année où il est nommé à Paris. Mais si les maths l'intéressent, sa passion reste avant tout la peinture. Il peint la plupart du temps d'après ses souvenirs du Jura. Louis Pasteur, originaire lui-aussi d'Arbois est l'un de ses premiers admirateurs. Entre 1807 et 1891, c'est un autre jurassien qui est Président de la République, il s'agit de Jules Grévy, né à Mont-sous-Vaudrey. Il transmet des commandes officielles à Pointelin pour les visiteurs de l'Elysée. Le peintre connaît alors une certaine renommée à l'étranger, notamment en Angleterre. En 1897, le professeur fait valoir ses droits à la retraite. Il a 58 ans. Il se retire à Mont-sous-Vaudrey où il peut enfin se consacrer entièrement à son art. Il mourra dans ce village en 1933, à l'âge de 93 ans.
Malgré des expositions à Anvers, Londres,Stockholm, au Japon ou aux États Unis, il ne connaîtra jamais une véritable notoriété. Très indépendant, il ne s'occupait ni des modes ni des goûts du public et il ne rejoindra aucune école, préférant creuser son sillon en solitaire.
Sa peinture sombre (certains critiques l'appelleront le peintre du crépuscule) n'a rien de décoratif. Il ne peindra jamais que les paysages austères de son Jura natal, désertés de toute présence humaine et éclairés par la lumière fugitive d'un soleil la plupart du temps déjà disparu derrière un horizon dénudé. Sa palette est d'une rare sobriété, presque minimaliste. Il ne jouera qu'avec le noir, le blanc, les ocres et les verts profonds. Quelques nuances bleutées allument parfois avec parcimonie les ciels plombés et les lointains brumeux. Chaque oeuvre est baignée d'une grave sérénité qui amène le spectateur à se confronter à sa propre solitude devant la nature. L'oeuvre de Pointelin a quelque chose de mystique sous des dehors naturalistes, c'est une peinture de recueillement et de silence.
Mais on ne peut pas parler de cet artiste sans parler de deux techniques qu'il a quasiment réhabilitées: le fusain et le pastels. Ce ne sont jamais de simples études mais des oeuvres
 à part entière qui ont occupé une grande place dans ses recherches. Contrairement à ses peintures qui donnent une impression de calme et de solidité, les oeuvres sur papier dégagent une grande énergie et la lumière semble vibrer. Le médium et le geste différent privilégient une relative explosion de la couleur et donnent naissance à d'autres paysages plus mouvementés, parfois à la limite du fantastique.
Pointelin s'est attaché toute sa vie à percer le mystère d'une région, sa beauté sans artifices et son éternité.
Les expositions de ce peintre sont hélas trop rares et nous remercions le musée d'art d'Arbois de nous offrir un tel cadeau. Nul doute que Pointelin finira par sortir du purgatoire des peintres et sera un jour estimé à sa juste valeur.
Il est possible de visionner quelques tableaux sur le site suivant:

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