samedi 11 octobre 2014

LITTERATURE. La Boisselière. SYLVIANE CHATELAIN. (Bernard Campiche Editeur).

L'univers de Sylviane Chatelain oscille toujours  entre rêve (cauchemar?) et réalité. Il est peuplé de présences fantomatiques et de bâtisses étranges. Les souvenirs baignent dans un flou impressionniste et sont souvent incertains.
Avec La Boisselière, l'auteure pousse encore plus loin  le mystère. Un titre énigmatique, un narrateur qui voit l'histoire et les mots lui échapper, les personnages qui disparaissent entre le début et la fin du roman, des personnages dont on ne sait ni d'où ils venaient ni où ils sont allés. Peut-être ne sont-ils que le fruit de l'imagination?
Robert, Hélène, Henriette, Sarah et les autres se sont réfugiés dans une ancienne maison de retraite, mais à qui et à quoi essaient-ils d'échapper? Il semblerait que les agglomérations du pays (quel pays?) sont dangereuses. Qu'est-il arrivé? Au milieu du roman, trois individus louches frappent à la porte. Bientôt ils ne veulent plus quitter la maison dans laquelle ils empoisonnent la vie des anciens locataires. Qui sont-ils? Que veulent-ils? Nous ne le saurons jamais. Nous savons si peu de choses que nous sommes surpris en refermant le livre de nous apercevoir que nous venons de le lire d'une traite, portés par une somptueuse écriture, fascinés par les personnages, ballottés par le vent, la pluie et la neige, habités par la vieille dame, Henriette,  qui, c'est sûr, hantera longtemps notre mémoire, une mémoire qui commence d'ailleurs à lui faire défaut. Henriette, dans cette atmosphère angoissante, est la seule à profiter encore des petits plaisirs de la vie, parcourant les couloirs et même la forêt avec une espèce d'insouciance presque fataliste, ré enchantant le monde, voyant dans une branche d'arbre qui  frôle sa fenêtre un ange gardien. Henriette, drôle de petite bonne femme, brille comme un soleil dans la beauté sombre de ce magnifique et sombre roman qui s'achève dans la neige qui tombe sans cesse, comme si elle voulait effacer toute trace de ce qui vient de se passer.
Qui d'autre que Sylviane Chatelain est capable de raconter pareille histoire avec un tel brio? Son écriture a quelque chose de magique, un indéfinissable pouvoir de fouiller le coeur des lecteurs qui se laissent emportés par sa poésie. De ce livre comme de ses précédents, on ne sort pas indemne.   
Le site de l'auteure:  http://www.sylvianechatelain.ch/
Le site de l'éditeur:  http://www.campiche.ch/

                                           BIBLIOGRAPHIE

- Les Routes blanches, nouvelles, éditions de l'Aire, 1986  
- La Part d'ombre, roman, Bernard Campiche Editeur, 1988. Prix Hermann Ganz 1989 de la Société suisse des écrivaines et écrivains. Prix 1989 de la Commission de littérature française du canton de Berne. Réédité aux éditions camPoche en 2005
- Schattenteil, (La part d'ombre, traduction allemande de Barbara Traber), Edition Hans Erpf, Bern/München, 1991. Publié en feuilleton dans la Neue Zürcher Zeitung
- De l'autre côté, nouvelles, Bernard Campiche Editeur, 1990. Prix Schiller 1991
- Le Manuscrit, roman, Bernard Campiche Editeur, 1993
- Das Manuskript, (Le Manuscrit, traduction allemande de Yla von Dach), eFeF Verlag, Bern, 1998
- L'Etrangère, nouvelles, Bernard Campiche Editeur, 1999. Lauréate Lettres-Frontières 2000
- Le Livre d'Aimée
, roman, Bernard Campiche Editeur, 2002. Prix de la Bibliothèque pour tous 2003. Prix 2004 de la Commission de littérature française du canton de Berne (également pour l'ensemble de l'œuvre). Réédité aux éditions camPoche en 2009
- Une main sur votre épaule, roman, Bernard Campiche Editeur, 2005. Lauréate Lettres-Frontières 2006
- Dans un instant, nouvelles, Bernard Campiche Editeur, 2010. Sélection le Roman des Romands
- Nouvelles et contes parus dans la presse et différentes revues de Suisse, Canada, Roumanie, Belgique et Russie.

- La Boisselière, roman, Bernard Campiche Editeur, 2014

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