Le quattro volte est sorti en DVD. Voici un film qui ne fait pas l'unanimité. Il faut dire que le public n'a guère l'habitude de voir une fiction sans acteurs, sans dialogues, sans musique et sans intrigue! Pour son deuxième film, Michelangelo Frammartino a de nouveau choisi de tourner en Calabre, la Calabre rurale où perdurent les traditions et les superstitions ancestrales. Comme son titre le suggère, Le quattro volte se déroule en quatre parties. On suit tout d'abord les derniers jours de la vie d'un vieux berggrand sapin que l'on voit traverser les saisons avant d'être abattu au cours d'une fête traditionnelle et devenir charbon de bois. Cette construction sert le dessein du réalisateur qui veut replacer l'homme dans la nature au même titre que les autres éléments, l'animal, le végétal et le minéral. Dans les interviews, Michelangelo Frammartino cite Pythagore et Nietzsche, mais, quelle que soit sa philosophie, son oeuvre va bien au-delà des mots et des croyances. Sa force est dans sa simplicité apparente. Il suffit d'être sensible à la nature, de savoir regarder et écouter... et de faire preuve d'un peu d' humilité pour se laisser emporter par la poésie universelle de ce film contemplatif d'où ne sont absents ni l'humour ni la tendresse.
Le réalisateur fait le lien entre l'homme et son milieu. Ici les paysages ne sont pas, comme on le dit trop souvent, des décors. L'homme en fait partie, qu'il le veuille ou non et quand il l'oublie, il perd la notion de ce qu'il est véritablement. Cette idée peut déranger à une époque où l'on s'étonne qu'il neige en hiver, où la plupart pense que la mer n'est qu'un immense terrain de jeux pour les vacances et la montagne un mur d'escalade géant! Il n'est pas inutile de rappeler à chacun, d'une aussi belle manière, que nous ne sommes rien d'autre (et c'est déjà beaucoup) qu'une parcelle de cet univers qui nous dépasse et que nous essayons vainement de dompter. Michelangelo Frammartino nous fait nous poser les bonnes questions par le biais de ce petit chef-d'oeuvre qui se laisse savourer comme un morceau de musique. La mauvaise manière de voir Le quattro volte serait de l'intellectualiser, les sens suffisent amplement pour apprécier à sa juste valeur ce film fascinant.
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