
D'un jugement sûr, il possède un oeil aiguisé sur tout ce qui concerne l'art de son temps. Malgré son ironie et son écriture caustique, il sait nuancer ses propos, rester objectif et ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain... tant qu'il ne s'agit pas des peintres officiels et vénaux qu'il traite de "tailleurs et de teinturiers" qui déguisent leurs modèles plutôt que de les prendre dans la rue ou dans leur milieu, tels qu'ils sont, avec leurs habits de tous les jours, dénonçant leur incapacité à peindre le vivant.
La 1ère partie de ce volume de plus de 450 pages , L'Art Moderne, est consacrée à la critique des différents salons de 1879, 1880 et 1881. La seconde, Certains, aligne une suite de choix et Huysmans prend le temps de s'attarder sur le travail de plusieurs artistes: Gustave Moreau, Degas, Raffaelli, Cézanne, Forain, Rops, Millet, Goya, Turner, Odilon Redon etc. analysant les toiles afin de rendre une "vérité chère à l'écrivain". Dans la troisième partie, il rend hommage à "Trois primitifs" parmi lesquels Grünewald qui lui inspire de magnifiques pages.
La critique chez Huysmans devient oeuvre d'art dans laquelle l'humour côtoie la colère ou l'admiration. Il est l'auteur de certains des plus beaux chapitres jamais écrits sur la peinture. Il est capable non seulement de nous faire voir une toile mais également de nous faire respirer l'odeur de la campagne, de nous faire ressentir le froid de la neige, l'humidité des jours pluvieux et même de nous faire entendre la voix des personnages qui deviennent vivants sous sa plume.
Ces "Ecrits sur l'art" sont indispensables à tous ceux qui aiment la peinture et une littérature exigeante mise au service de l'art pictural comme elle l'a rarement été.
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