jeudi 3 mai 2012

ESSAI. Bob Dylan, le country rock et autres amériques. FRANCOIS DUCRAY. (Castor music).

François Ducray, critique à Rock & Folk et à Best durant les années florissantes de ces deux magazines, est  l'auteur de plusieurs ouvrages  consacrés aux groupes phares des années 60 et 70 comme Led Zeppelin, les Beatles ou les Rolling Stones. Avec cet essai, il remonte le courant et nous emmène aux racines de ce qu'on appelle, faute de mieux, folk, rock ou country rock. S'il a pris soin de mettre le nom de Dylan en exergue dans le titre, c'est en grande partie parce qu'il sait bien qu'en France lorsqu'on parle de country music on pense aussitôt chansons de cow boys et folklore désuet, quand on ne se permet pas de surcroît d'opposer la country au blues et d'en faire  une musique de racistes blancs. Bien sûr il est question de Dylan dont la musique est nourrie partiellement de ce style qu'il a écouté depuis son plus jeune âge et parce que  Dylan a été toute sa vie un "passeur" de musiques traditionnelles. Il a d'ailleurs fondé une radio pour les faire connaître. La première partie du livre lui est consacrée, on peut même dire que c'est en partant de lui que Ducray bâtit son "histoire" et ce n'est pas par hasard. En 1966, ayant électrifié son folk au grand dam des puristes, c'est à Nashville, capitale de la country music que Dylan décide d'enregistrer le double album mythique Blonde on blonde. Le légendaire "accident de moto", cette même année, lui donne de longs mois pour se ressourcer. Il redécouvre l'immense variété des musiques de son pays: le folk d'origine britannique ou irlandaise, celui venu d'Europe centrale, le blues rural ou urbain, le gospel, le rock, les musiques cajun... et la country avec ses amis les musiciens de The Hawks qui deviendront bientôt The Band. Ils enregistreront des dizaines de morceaux pour le plaisir. De ces sessions sortira de nombreuses années plus tard (1975) l'album The basement tapes. Aussitôt après cette "pause", Dylan repart à Nashville et en trois sessions de 8 heures il enregistre une belle collection de chansons proches du style country- blues qu'il réunit sous le titre John Wesley Harding (1968). L'année suivante il enregistre l'étrange Nashville Skyline.
François Ducray clôt le chapitre Dylan avec cet épisode qui n'a rien d' anodin et nous offre à partir de là "une histoire compactée de la country music" de la fin du 19ème siècle à nos jours avec une véritable galerie de portraits, de Blind Willie Mc Tell à Calexico en passant par Springsteen, Ben Harper, Steve Earle, Townes Van Zandt, Johnny Cash , Neil Young et bien d'autres... pour revenir à Dylan. On s'aperçoit alors que tout ce qu'on range aujourd'hui sous l' étiquette rock est issu de la même source.

Pour les passionnés, rappelons l'excellent Like A Rolling Stone, Bob Dylan à la croisée des chemins (Points) de Greil Marcus qui nous invite à revisiter l'Amérique des années 60, un pays au bord de l'implosion (avec l' assassinat de J.F. Kennedy et de Martin Luther King), dont Bob Dylan signe la bande-son.

L'enregistrement ci-dessous n'est certainement pas ce que les deux musiciens ont fait de mieux mais le document est intéressant à plus d'un titre.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire